Incendie du commissariat du 13e
Photo T. Depeyrot - 6 avril 2012
Photo T. Depeyrot - 6 avril 2012
Vous qui êtes avide de toute information concernant le 13e arrondissement, vous n'êtes certainement pas passé à côté de l'incendie d'origine accidentelle qui a dévasté le commissariat du 13e arrondissement dans la nuit de samedi à dimanche dernier (et ce n'était pas un poisson d'avril).
N'étant généralement pas le dernier à régler mes comptes avec la maréchaussée (jeune lecteur, ouvre ton dico !), allergique que je suis à toute forme d'autorité (et aux parcmètres en particulier), j'ai néanmoins été attendri par mon ami Didier Fossey, auteur de polars (Tr@que sur le Web, Ad Unum), habitant le 13e, qui connaît bien les lieux puisqu'il y travaille depuis de nombreuses années, étant de surcroit policier, ce qui doit bien l'aider dans sa production littéraire.
Je vais donc lui laisser la parole en vous livrant son témoignage :
Le commissariat du 13ème arrondissement, hideux cube de verre, de fer et de béton, construit en 1967, a accidentellement brûlé le 1er Avril 2012.
J'y avais été affecté en 1985, à ma sortie de l'école de Police de Nantes. Successivement à la brigade J3, la brigade de nuit, la BAC de nuit, le groupe de recherches et d'investigations et, depuis 2003 à l'Unité de Police Administrative.
27 ans, dont 16 à la nuit, où tous les jours, sauf les repos et les congés, j'ai franchi les portes de ce commissariat. 27 ans à « gueuler » contre ce bâtiment vieillissant, contre les ascenseurs en panne, le chauffage ou la clim qui ne fonctionnent pas, les peintures défraîchies et le mauvais agencement des bureaux.
27 ans à retrouver mes collègues, à entendre tous les jours les mêmes plaisanteries vaseuses, à boire un petit café ensemble au premier étage, à fumer une clope devant le poste entre deux procédures.
27 ans de joies, de peines, de travail, de nuits blanches, de planques, de pots de départ, de mutations, de partage, d'entraide et de soutien.
Aujourd'hui, je suis triste comme 400 autres fonctionnaires de Police du 13ème, tous grades et anciennetés confondus, je suis dans la souffrance et la peine. Ma deuxième maison a brûlé, ma famille est éclatée, je me sens sinistré.
Restent les souvenirs, chacun de notre côté, qui sur le 5, qui sur le 6, le 14, à Austerlitz ou à la Vigie Olympiades.
Combien de temps avant d'être de nouveau réunis, au 144 boulevard de l'Hôpital. Des années. Je n'y serais pas, l'heure de la retraite aura sonné avant.
Je me suis retourné une dernière fois, tout à l'heure, le déménagement de ce qui a pu être sauvé terminé, je me suis retourné vers cet immeuble marqué par le feu. J'ai vu planer au dessus cette aura que vous tous avez créée, anciens et « ptits jeunes », l'âme de ce bâtiment qui restera là et dans vos cœurs à attendre votre retour.
Confraternellement à toutes et tous.
Didier
Didier, tu n'as plus qu'à planter le décor de ton prochain thriller dans feu (sans vilain jeu de mot) le commissariat du 13e. Je pense que tu dois avoir quelques anecdotes croustillantes à raconter... Ce serait ton deuxième opus qui se déroulerait dans notre arrondissement.
Les policiers du 13e, lorsqu'ils ne passent pas leur temps à me verbaliser, savent garder leur sens de l'humour malgré les circonstances et ont placé en faction, au 1er étage, un gardien à l'aspect collant très bien avec Pâques. Pas cloche, non ?
Photo T. Depeyrot - 6 avril 2012
Maintenant, pour les personnes plus terre-à-terre, sachez qu'aucune procuration de vote n'a été détruite par l'incendie, comme en témoigne l'article du quotidien Le parisien ci-dessous.
D'ailleurs, afin de limiter les perturbations de services, un car continue de recueillir vos plaintes, juste au pied du commissariat sinistré.