Le Grand Paris

Mercredi 16 décembre se tenait une réunion publique sur le thème "Le Grand Paris et le 13e arrondissement", dans la salle des fêtes de la mairie du 13e.

Faisant partie des 10 architectes ayant planché sur le projet Grand Paris, Roland Castro nous a présenté sa vision des choses que je ne vais pas présenter ici.

Ce que je peux dire, c'est qu'aussi "pensé" et généreux soit son projet, les Parisiens, du moins tous ceux que je cotoye, ne sont pas du tout favorables à la construction de nouvelles tours dans Paris, n'en déplaise à Bertrand Delanoë.

De même, si j'ai bien compris ce qui a été exposé, les arrondissements "nouveaux", c'est-à-dire ceux créés après 1860 (voir Histoire & Histoires du 13e n°4) ne feraient plus vraiment partie du "Paris historique" mais prendraient des noms tels que Paris-Passy, Paris-Vaugirard... Roland castro semble l'ignorer mais, depuis 1860, nos arrondissements portent déjà un nom. Par exemple, le 13e porte celui de "arrondissement des Gobelins", le 20e celui de "arrondissement de Ménilmontant, le 18e, celui de "arrondissement des Buttes-Montmartre"... Il aurait mieux fait de passer voir mon exposition sur la naissance du 13e arrondissement avant de faire le malin. Quoi qu'il en soit, alors que j'ai actuellement le sentiment d'être pleinement parisien, j'ai plutôt l'impression que je vais devenir bientôt habitant d'un faubourg voisin. Plutôt une régression, non ?

Ma réflexion première est que cela aura pour premier effet de faire flamber les prix de l'immobilier dans le "Paris historique" et pour second effet de repousser encore plus les classes moyennes et basses vers la périphérie, désormais élargie, y compris à nos arrondissements que sont les 13e, 18e, 20e, 19e... On tente néanmoins de nous rassurer avec les "super-transports" qu'on nous annonce.

Ce Roland Castro m'a fait une impression toute bizarre : d'un côté, il présente un projet dans lequel les tours sont omniprésentes, nous montrant même de véritables jardins suspendus, et, d'un autre côté, il précise que la question de la construction de nouvelles tours reste à débattre. Nous parlant sans cesse de "cieux magnifiques", je pensais que le ciel étaient partout pareil, que ce qui est en haut est comme ce qui est en bas (cf. La Table d'Emeraude) et que le ciel n'est jamais que ce que nos constructions ou pollutions lumineuses nous permettent de voir. Et ce ne sont pas des tours, aussi belles soit-elles, qui vont arranger les choses.

Pourtant, il ajoute, très maladroitement ou cyniquement à mon sens, que le débat et les discussions, c'est plutôt bien, mais qu'il ne faut tout de même pas trop perdre de temps avec cela et qu'au bout d'un certain moment, il faut savoir y aller "à la hussarde" et faire passer les projets en force. Il est même allé jusqu'à affirmer, sur un ton humoristique, que les régimes totalitaires ont toujours été une chance pour les architectes, ne demandant d'avis qu'à eux-mêmes, en ajoutant que les inévitables expropriations, bien que regrettables, étaient nécessaires au bonheur du plus grand nombre.

Je reviens 30 secondes sur les "jardins suspendus" qui feraient pâlir d'envie Nabuchodonosor lui-même. Je me souviens juste d'un article du Parisien paru cette semaine qui fait le constat que moins d'un arbre sur deux étaient remplacés à Paris, par faute de moyens.

Un parisien averti en vaut deux... A mon avis, toutes celles et tous ceux qui feront partie des différentes consultations et réunions d'information feraient bien, d'ores et déjà, de se méfier et d'exiger, s'ils le peuvent, des garanties.

Il n'y a qu'à voir comment le gouvernement actuel passe en force sur tout, si en plus les municipalités de gauche (et les architectes qui s'en prétendent) s'y mettent, il y a du mouron à se faire.

Pour ma part, j'ai toujours eu tendance à me méfier des gens qui veulent faire le bonheur du peuple malgré lui...

Comments

[Alex]

Le Grand Paris : tu l'aimes ou tu le quittes !

Ca commence de plus en plus à penser que cette histoire, c'est du Ceausescu en puissance...

Construire de grandes tours aux portes de la capitale, parce que mince à la fin, le peuple doit apprendre à vivre avec son temps qu'il le veuille ou non !

J'espère pour Bertrand qu'il ne sera pas fusillé avec sa femme (uhu) par les socialistes en tout cas. Ca ferait mauvais genre.